Nous vivons dans un monde, dans une société, dans une église, dans une famille, où certaines choses nous déplaisent, nous poussent à réagir avec emportement ou à adopter une attitude d’exaspération. Est-ce qu’être chrétien signifie tout autoriser, tout accepter ?
Quel rapport entre le christianisme et la tolérance ? Est-il permis à un chrétien de se mettre en colère pour des choses qu’il qualifie d’inepties, d’abominations, de profanations ? Cet article donnera quelques réponses à ces interrogations.
La colère est-elle un péché ?
Nous ne pouvons pas parler de la colère sans parler du péché au préalable.
Le péché est d’abord un problème de relation avant de devenir un acte, une intention avant de devenir une action. Relation parce que la plupart de nos actes sont des conséquences de nos relations. Si un homme pèche, cela veut dire qu’il désire être en bonne relation avec le diable, et entrer en conflit avec Dieu. Entretenir de bons rapports avec le diable au détriment de ceux qu’il a avec Dieu.
Si le péché est de prime abord un problème de relation, nous devons donc être prudents de porter des jugements de valeur sur certains actes. La colère est-elle un péché ? Tout dépend de la motivation, la cause pour laquelle on se met en colère.
Moïse, quand il descendit de la montagne avec le Code de l’alliance, les dix commandements, il trouva Israël en train d’adorer le veau d’or. Il s’enflamma de colère et jeta les tables de la loi sur la statue (Exode 32). Peut-on alors dire que Moïse avait péché pour avoir agi de cette manière ? Nullement.
Une colère se justifie par sa motivation. C’est-à-dire, une colère est un péché quand sa motivation est mauvaise. Lorsque notre relation avec Dieu et avec notre prochain deviennent obscures, nous aurons toujours une colère dont la motivation, la cause sera injuste.
La colère légitime
Il existe dans l’homme des sentiments négatifs ainsi que des sentiments positifs. Des sentiments négatifs peuvent devenir positifs dans certaines mesures, parmi lesquelles la colère.
De ce fait, il est important de noter que le mode de vie de certaines personnes, les actes que les autres posent sous notre regard, ne peuvent jamais nous laisser passifs : nous devons réagir avec beaucoup de sagesse.
Martin Luther King a dit : « Celui qui accepte le mal sans lutter contre lui coopère avec lui. »
La colère peut être une attitude chrétienne convenable lorsque nous nous énervons pour une cause qui est juste. Un chrétien n’est pas cette créature humaine qui tolère tout, il y a des choses face auxquelles il faut manifester sa colère, et mettre fin à son éventuelle répétition. Car la légèreté, la passivité et le silence, deviennent péchés quand nous tolérons l’intolérable.
Tim Jackson, dans son livre Quand la colère gronde : un examen biblique de la gestion de la colère, a écrit : « La plus grande partie des références bibliques à la colère et à la fureur s’applique à Dieu. »
À titre d’illustration, dans Matthieu 21 : 13, Jésus-Christ s’était mis en colère quand Il vit Son temple transformé en marché, en une caverne de voleurs. Il se mit à chasser les intrus et les voleurs. Cet acte était prophétique, c’est-à-dire, quand Christ entre dans la vie d’un homme, Il chasse tout ce qui n’honore pas Son nom.
Quand nous avons une colère légitime face à une réalité intolérable, nous devons sanctionner, poser des actes légitimes pour exprimer notre réprobation. Le sacrificateur Eli, dans 1 Samuel 2 : 27-36, fut frappé avec sa famille pour avoir toléré les mauvaises pratiques de ses fils dans le temple de Dieu.
Dieu n’est pas un créateur qui tolère tout : lorsque nous nous méconduisons, Il nous parle, nous corrige, nous avertit, nous recadre à Sa manière. Nous devons donc développer la même réaction.
La colère illégitime
Ephésiens 4 : 26 (LSG) « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. »
Il est possible de se fâcher sans pécher, il est aussi possible de se mettre en colère et pécher. Dans cette référence biblique, l’accent est essentiellement et particulièrement mis sur la colère illégitime qui porte en son sein le germe de la destruction.
L’Apôtre Paul reconnaît ici qu’un chrétien peut se mettre en colère, mais il ne faut pas que cette colère nous amène à pécher, à poser des actes abominables et destructeurs. Car généralement, lorsque l’on agit sous l’emprise de la colère illégitime, on perd toute considération. Les notions élémentaires de l’humanisme et de la conscience se taisent pour n’intervenir qu’après. Pour que la colère illégitime ne puisse pas dominer notre conscience, il faut un fruit de l’Esprit qu’on appelle la maîtrise de soi.
Proverbes 16 : 32 (LSG) « Celui qui est lent à la colère vaut mieux qu’un héros, et celui qui est maître de lui-même, que celui qui prend des villes. »
Un véritable héros n’est pas celui qui a gagné une guerre, c’est plutôt celui qui sait maîtriser lui-même sa colère illégitime. Autrement dit, celui qui peut lui-même apaiser une colère destructive ou celle de son prochain est capable de saisir un serpent par sa tête, un taureau par ses cornes.
Seul le Saint-Esprit ou celui qui a le Saint-Esprit, peut apprivoiser une colère illégitime. Tout homme qui se dit chrétien mais qui est défini et caractérisé par la colère illégitime, destructive, est appelé à chercher la délivrance de Dieu. Sinon, il finira par atteindre le paroxysme : la tuerie.
Pour tout dire, un chrétien peut se mettre en colère sans pécher. Mais quel genre de colère ? La colère légitime que nous pouvons aussi appeler la sainte colère. Quand Dieu approuve notre colère légitime, posons des actes justes qui vont Lui plaire.
Abondamment bénis!