« Comment quelqu’un peut s’appeler “Dehemon” ? Je ne peux pas te recevoir. Trouve un autre bureau pour effectuer ta transaction ». Lui avait lancé la caissière. Martial continua en me confiant que son père fut contraint devant les moqueries et autres remarques désobligeantes qu’on lui faisait, de faire modifier son acte de naissance en supprimant ce prénom à sonorité diabolique qui pourtant, dans sa langue vernaculaire signifiait « homme de valeur ».
Personne n’a choisi les noms ou les surnoms qu’il porte. Nous les avons hérités à la naissance, les avons reçus suite à certaines situations embarrassantes vécues ou des habitudes retrouvées chez nous. Nous trouvons des surnoms même dans la Bible. Jésus a surnommé Ses disciples Jacques et Jean « fils du tonnerre » (Marc 3 : 17).
Il est courant de voir dans la Bible Dieu changer le nom d’une personne avant de la faire entrer dans sa destinée glorieuse: Abraham (Abram), Sarah (Saraï), Céphas (Pierre), Esther (Hadassah), Israël (Jacob), Paul (Saul), pour ne citer que ceux-là. Dans le cas d’Abraham, nous apprenons que ce n’est qu’après son changement de nom à l’âge de 99 ans, qu’il recevra enfin l’enfant de la promesse, Isaac.
Il est cependant rare dans la Bible de voir une personne changer elle-même son nom. Et pourtant ce fut le cas d’une femme qui au comble du malheur a demandé à son entourage de ne plus l’appeler « Naomi », mais « Mara » qui signifie « amertume » (Ruth 1 : 20). En effet, le deuil de son mari suivi de celui de ses deux fils ainsi que l’abandon de l’une de ses belles-filles lui avait donné le sentiment que Dieu avait rendu sa vie amère.
N’agissons-nous pas aussi comme Naomi, en nous définissant en fonction de ce qui nous arrive ? Quels noms donnons-nous aux situations difficiles que nous traversons: « Malheur », « échec », « trahison » ?
Lorsque les choses vont mal, rien ne nous oblige à nous laisser emporter par elles. Nous avons le pouvoir de choisir entre un nom portant l’amertume comme Rachel au comble de la souffrance qui nomma son enfant « Ben-Oni (Fils de ma douleur) », ou agir en personne éclairée comme Jacob et lui donner un nom portant bénédiction « Benjamin (fils de bon augure) » (Genèse 35 : 18).
Le deuil de Naomi a eu une fin plus heureuse qu’elle n’aurait pu se l’imaginer. Dieu l’a bénie par le canal d’une belle-fille aimante du nom de Ruth.
Ainsi, bien que nous soyons tentés de nous donner des surnoms marqués par l’amertume, comme « échec », « raté », « indigne d’amour », en fonction de nos erreurs de parcours ou des revers que nous rencontrons; ces surnoms ne correspondent pas à la fin de notre histoire.
Nous pouvons remplacer ces surnoms par le nom que Dieu a donné à chacun de nous. Dieu t’appelle malgré tout « Bien-aimé » (Romains 9 : 25). Alors espère en Sa fidélité même dans les pires épreuves.